• Contexte du questionnement scientifique

    Les crises sanitaire et politique actuelles – au même titre que les précédentes – accentuent les défis planétaires et imposent de réfléchir à des modalités nouvelles et alternatives de faire société pour répondre aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux et politiques contemporains (Barin Cruz et al. 2017). Le système alimentaire, définit comme étant la façon dont les hommes s’organisent pour produire, distribuer et consommer leur nourriture, fait face à une série de pressions (urbanisation, habitudes de consommation, pratiques agricoles, changement climatique) qui le met à l'épreuve dans sa capacité à fournir des aliments nutritifs pour les mangeurs, à assurer des revenus justes pour les producteurs tout en respectant les écosystèmes et le climat (Paturel et Ramel, 2017). De nombreux auteurs étudient ainsi les systèmes alimentaires en opposant ceux issus du modèle agro-industriel dominant à d’autres qui constituent des modèles alternatifs (Goodman, 2003). Le système alimentaire peut ainsi être conçu comme un espace de luttes entre des forces de contrôle issues du monde agro-industriel et des pressions pour sa démocratisation défendues par des modèles alternatifs (Lang, 1999).

     

    Plusieurs initiatives visent à construire des systèmes alimentaires alternatifs : les Associations pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne (AMAPs), les épiceries sociales et solidaires, les boutiques de producteurs, les marchés paysans … (Deverre et Lamine, 2010). Néanmoins ces systèmes de production et distribution peinent à offrir un accès égal à une alimentation de qualité aux acteurs les plus précaires, consommateurs comme producteurs ( Paturel et Carimentrand, 2018).

     

    La démocratie alimentaire permet de considérer à la fois les questions de justice, à travers les questions d'accessibilité et de pouvoir d’agir, et celles de la citoyenneté. Elle autorise une reconnexion entre l’agriculture et l’alimentation et permet des apprentissages notamment pour les mangeurs (Hassanein, 2003), portant sur les pratiques agricoles et leur impact, les pratiques alimentaires et les pratiques démocratiques elles-mêmes (Deverre et Lamine, 2010).

     

    Le projet de Sécurité Sociale de l'Alimentation et la création de caisses d’alimentation visent à donner corps et réalité au concept de démocratie alimentaire (Paturel, 2019). La création de caisses d’alimentation pourrait ainsi être vue comme une expérience organisationnelle et systémique d’un processus de démocratie alimentaire fort et civique.

     

    Les questions qui se posent à la littérature scientifique existante sont les suivantes :

    • Comment construire des formes organisationnelles alternatives permettant le développement de pratiques démocratiques et émancipatrices pour les acteurs des systèmes alimentaires ?
    • Comment évaluer les effets de ces caisses d’alimentation sur les systèmes alimentaires locaux, plus durables et vecteurs de transitions écologiques économiques et sociales ?  

    Productions accessibles

    Comité scientifique du projet

    • Bénédicte Bonzi : docteure en anthropologie

    Spécialisée sur les questions de violences alimentaires, elle est cheffe de projet sur les questions de transitions agricoles et alimentaires au sein du Cabinet de Conseil Auxilia.

    • Frédéric Zahm, agroéconomiste à INRAE Bordeaux – UR ETTIS

    Il assure depuis décembre 2011 la présidence du Comité Scientifique de la méthode IDEA et assure également la coordination scientifique du projet CASDAR ACTION (Accompagnement au Changement vers la TransitiON agroécologique pour une performance globale des exploitations agricoles) qui vise à finaliser le développement de méthode IDEA version 4 et conduire les tests dans les activités d’enseignement agricole et de conseil agricole pour l’accompagnement à la transition agroécologique. Ses axes de recherche questionnent les concepts de durabilité et de Responsabilité Sociétale (RSE) en agriculture. Au plan méthodologique, ses travaux développent des méthodes d’évaluation de ces concepts à partir d’indicateurs. Il développe également des travaux sur l’usage des indicateurs comme outils d’accompagnement à la transition agroécologique, mais aussi comme outils pour l’action publique agro-environnementale et l’évaluation des politiques publiques.

    • Hajar El Karmouni, maîtresse de conférences en sciences de gestion à l’Université Paris Est Créteil - Institut de Recherche en Gestion

    Ses travaux de recherche portent sur les organisations de l’économie sociale et solidaire et sur leur rôle dans la transition écologique, économique et sociale, en particulier dans le domaine de l'alimentation et des énergies renouvelables. Elle coordonne actuellement un projet de recherche sur l’accès à une alimentation durable sur le territoire de Montreuil.

    • Julie Ryschawy, maître de conférences à l’INP-ENSAT en Agronomie du Territoire et chercheure à INRAE - UMR AGIR.

    Elle coordonne des enseignements en Ingénierie Territoriale sur la transition agro-écologique en spécialisation AGREST (Agroécologie). Elle effectue ses recherches sur la co-conception de systèmes de polyculture-élevage agroécologique, en particulier par la coopération entre fermes au sein d’un territoire. Elle participe à plusieurs projets européens sur la transitions agro-écologique des territoires (réseau européen du projet MIXED H2020 - Aarhus, Wageningen, SRUC et réseau MiBycycle) et développe des partenariats aux Etats-Unis (USDA-ARS Nord-Dakota, Boston University et UC Davis) et au Brésil (Projet CAPES COFECUB, Université Federale Porto Alegre).

    Elle coordonne la recherche-action du projet CAISSALIM.

    • Laurent Hazard, chercheur à INRAE - UMR AGIR

    Il travaille sur l’accompagnement de la transition agroécologique et plus particulièrement sur l’articulation entre projets individuels et action collective. Il dirige l’UMR AGIR et coordonne le développement du campus des transitions agricoles et alimentaires de Toulouse.

    • Lucine Endelstein, chargée de recherche au CNRS, membre du laboratoire LISST à Toulouse et de l’Institut Convergences Migrations.

    Après avoir travaillé sur les liens entre migrations, ville et alimentation, elle a récemment orienté ses recherches sur les questions de solidarités alimentaires à travers une enquête menée à Toulouse sur
    les associations et sur les initiatives citoyennes menées pendant la crise sanitaire.

    • Pierre-Benoit Joly : ingénieur agricole , docteur en économie, président du centre INRAE Occitanie-Toulouse

    Il est directeur de recherche et spécialiste d'études des innovations et d'études des sciences et des techniques, il a beaucoup travaillé sur les méthodes d'évaluation des impacts des recherches et sur les dimensions épistémologiques et politiques des formes d'organisation de la recherche.

    • Sarah Cohen, agronome, ingénieure de recherche à INRAE - UMR AGIR

    Elle est agronome et ingénieure de recherche à INRAE pour la coordination du projet CAISSALIM. Elle a coordonné et co-animé plusieurs projets de recherche-action (CASDAR Action, projet européen EducLocalFOOD) à la Bergerie-Nationale de Rambouillet. Elle a également été membre du Comité Scientifique de la méthode IDEA4 de 2018 à 2021.

    Elle est également co-Présidente de l’association Ingénieure Sans Frontière, groupe thématique Agriculture et souveraineté alimentaire (ISF Agrista) avec laquelle elle travaille sur le projet de Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA), en lien avec le Collectif pour une SSA.